Quand le corps parle autrement : la médecine symbolique pour comprendre la gynécologie émotionnelle
Et si nos organes avaient des choses à dire ?
Je me souviens d’une période où j’ai enchaîné les mycoses pendant quatre mois. Un enfer. Cela faisait pourtant des années que je n’en avais plus eu depuis l’arrêt de la pilule, qui était justement la cause de mes mycoses chroniques. Là, j’étais perdue. Je n’avais pas repris de contraception hormonale, ni pris de médicament. Et comme par le passé, aucun traitement antifongique ne faisait effet. C’est le jour où j’ai commencé à regarder la mycose autrement — symboliquement — que tout a changé. J’ai compris que mon corps essayait de me dire quelque chose, et cette écoute a été une clé vers la libération.
Qu’est-ce que la médecine symbolique ?
La médecine symbolique repose sur une idée simple et profonde : le corps exprime ce que le mental ne peut pas toujours formuler. Lorsqu’une émotion est ravalée, un conflit non exprimé, un trauma non digéré, il se peut que le corps prenne le relais et parle à travers un symptôme. Cette approche, inspirée de la psychosomatique, de la psychogénéalogie ou encore des travaux de Jacques Martel ou Christian Flèche, invite à lire les maladies comme des messages symboliques.
Ce n’est pas une démarche magique, ni une solution miracle. C’est une autre façon de regarder ce qui nous arrive. Une invitation à interroger : « Et si cette douleur, cette récurrence, avait un sens ? »
Le bassin féminin : un territoire à redécouvrir
Chaque organe gynécologique peut être compris à la fois dans sa fonction biologique et dans une dimension symbolique, plus subtile mais tout aussi riche.
- La vulve : ce que l’on montre, ce que l’on offre ou cache au monde. Une dimension liée à la visibilité, à l’image que l’on renvoie.
- Le vagin : le lien avec l’extérieur, le passage, l’interface entre soi et l’autre. Il peut symboliser l’ouverture, l’accueil, mais aussi les invasions ou les intrusions.
- L’utérus : symbole fort de l’identité féminine, de ce que l’on porte, que ce soit un enfant, un projet, une histoire familiale.
- Les ovaires : liés à la créativité, au potentiel, à ce que l’on est capable de faire naître.
- La vessie : en lien avec le territoire, les limites, la capacité à dire non, à poser ses frontières.
Ces lectures permettent d’aller explorer plus loin que le symptôme, vers ce qui a pu l’engendrer, même symboliquement.
La gynécologie émotionnelle : une écoute sensible du corps
Dans cette approche, on ne cherche pas à interpréter pour la personne. On l’accompagne à mettre des mots, à sentir, à explorer ce que son corps a peut-être voulu exprimer. La médecine symbolique de la gynécologie émotionnelle ne remplace pas la médecine conventionnelle, elle la complète.
C’est un espace d’accueil de l’histoire corporelle. On y parle émotions, héritage, ressentis, expériences marquantes. C’est un travail de reconnexion à soi, à ses organes, à ses frontières. Une façon d’honorer ce que le corps a vécu.
Et la science dans tout ça ?
La médecine symbolique, en tant que telle, n’est pas une discipline validée scientifiquement. Cependant, elle s’appuie sur des principes qui rejoignent des connaissances reconnues :
- La psychosomatique, qui montre le lien entre stress émotionnel et symptômes physiques.
- L’impact du stress sur le système hormonal et immunitaire.
- Les neurosciences affectives qui explorent les mémoires corporelles.
- L’épigénétique, qui démontre que notre environnement et nos expériences peuvent moduler l’expression de nos gènes.
Il ne s’agit donc pas de rejeter la médecine classique, mais d’ouvrir un espace complémentaire de sens et de réconciliation entre le corps, les émotions et l’histoire personnelle.
Quand les symptômes deviennent messagers
Dans mes accompagnements, j’utilise parfois un outil appelé la maison utérine, développé par Maud Renard. Il permet d’aller visiter symboliquement l’utérus comme une pièce, un espace intérieur.
Une femme atteinte d’endométriose avait du mal à entrer dans cette pièce symbolique. Quand elle a enfin pu la visualiser, elle était vide, froide, presque inhabitable. En y plaçant progressivement des objets qui lui tenaient à cœur, en y remettant de la vie, elle a peu à peu retrouvé un sens d’identité profond, et ses douleurs se sont apaisées.
Une autre femme souffrait de mycoses chroniques. Ensemble, nous avons exploré la question de ce qui l’étouffait ou l’envahissait dans sa vie. Dans le couple, au travail, dans sa famille. Chaque prise de conscience a permis de libérer un peu plus d’espace. Et un jour, elle a respiré à nouveau. La mycose est partie.
Pourquoi cette approche peut transformer
Parce qu’elle remet du sens là où il y avait de la souffrance sans cause apparente. Parce qu’elle ouvre un dialogue avec le corps, au lieu de chercher à le faire taire. Parce qu’elle redonne du pouvoir, non pas pour guérir à tout prix, mais pour comprendre, se respecter, et s’accueillir pleinement. Parce qu’elle nous invite à voir nos organes les plus douloureux comme des boussoles : des guides corporels qui nous montrent qu’un besoin fondamental n’est pas respecté, ou que nous nous sommes éloignées de notre chemin.
Écouter le corps, c’est aussi s’honorer
La médecine symbolique ne détient pas la vérité. Mais elle offre un chemin. Celui de la conscience, de la responsabilité douce, de l’exploration de soi. En gynécologie émotionnelle, nous faisons le pari que chaque organe a quelque chose à raconter. Et que l’écoute peut être déjà une forme de soin.